mardi 23 août 2016

PATRICE POUTOUT : ÉPURER LES LIGNES (Lucien Ruimy)



Pas de superflu. Il faut s’arrêter un certain temps devant les sculptures de Patrice Poutout, prendre la peine de voir tout le travail, la trace de chaque coup de ciseaux et en apprécier les formes.

Chaque sculpture est un totem, une stèle qui se veut une marque de la mémoire humaine enfouie dans la matière essentiellement le bois.
Comme les stèles de Carnac, les sculptures de Patrice se dressent comme des fragments primitifs, ils suscitent un appel à l’introspection. Chaque marque sur la surface est comme une scarification qui nous rappelle que nous sommes les éléments d’un peuple universel à la recherche d’un langage commun.
Les sculptures de Patrice Poutout sont un élément de cette recherche de langage universel. Elles se dressent afin de nous pousser à une élévation de conscience.

mercredi 17 août 2016

CLOTHILDE LASSERRE : LA CHALEUR HUMAINE (Lucien Ruimy)

Longtemps Clothilde Lasserre a eu un sujet de peintures reconnaissables au premier coup d’œil, des foules vues de dessus. Lorsque l’on voyait l’un de ses tableaux pour la première fois on se demandait de quoi il s’agissait, il fallait un temps d’adaptation pour comprendre la scène représentée. On passait d’une abstraction à de la figuration. Une fois passée la surprise on allait dans le détail de ces foules et au-delà du sujet de l’anonyme perdu dans un ensemble, c’est la peinture qui individualisait, c’est elle qui différenciait.
Puis ces derniers temps, elle a redressé la perspective, du grouillement des foules elle est passée à une individualisation de ses personnages, ceux-ci sont à peine suggérés. Ce sont les différenciations de couleurs qui en définissent les contours, ils sont moins affirmés, ils flottent de manière plus floue, plus poétique.
La peinture est plus libre, plus en transparence. Elle prend le pas sur le sujet. La peinture dépasse le sujet, elle devient l’élément principal, comme si elle s’en était libérée. Ce qui lui donne une respiration particulière.
La couleur, les transparences prennent toute leur place, les tons sont chauds. La peinture, le geste sont tout en énergie. Ils donnent toute la force aux personnages.
Dans tous les cas de figures, perdus dans la foule ou plus différenciée c’est la foi dans une humanité colorée, chaleureuse qu’affirme Clothilde Lasserre.






dimanche 14 août 2016

COLINE LOUBER : NOUS SOMMES TOUS DES MIGRANTS (Lucien Ruimy)



Traverser les mers, aller vers un au-delà, à la recherche d’un Eldorado, de nouveaux territoires à conquérir, c’était le rêve des explorateurs.
Aujourd’hui, toujours au péril de leur vie des hommes et des femmes traversent les mers sur des embarcations usées avec l’espoir d’arriver dans un ailleurs où ils pourront vivre un peu mieux des restes qu’ils pourront glaner.
Coline Louber, elle aussi, créer des bateaux à partir des déchets. Elle lance ainsi un pont entre eux et nous. Son univers elle le forme à partir de ce qu’elle ramasse partout où elle va : bois flottés au bord de mer polis, arrondis par la mer ; bois sculptés par le vent, usés par le gel et le soleil ; métaux rouillés, cailloux, graines… Elle cueille, ramasse tout le temps car elle refuse le gaspillage du monde, de ceux qui ont trop face à ceux qui n’ont rien.
Coline leur donne une nouvelle vie personnages agglutinés dans des cités, de « chercheurs d’espoir » agrippés à des bateaux secoués par la mer. On peut rester longtemps à détailler chaque personnage, découvrir ce qui le compose.
Coline Louber a un message, mais elle a aussi un univers, un monde habité par les restes du monde.