samedi 23 mai 2015

SYLVIE LOBATO (Jean-Henri Maisonneuve)

Ici, les corps prennent forme. Où les formes prennent corps. Le travail de Sylvie Lobato met en lumière la genèse de l’être. La terre originelle se meut, émeut dans son spasme de résistance au chaos initial, dans des élans d’ocres, de rouges, de bruns, de clairs et d’obscurs.
Humus, glaise, chair, le souffle sacré vient tout organiser dans une frénésie sensuelle et fait tournoyer des corps diffus, qui tendent quelquefois à l’abstraction d’un lyrisme vertigineux ; des êtres aux contours inachevés, indistincts, mais cependant tangibles, pour exprimer l’intangible loi de la vie en éclosion. Le Golem surgit d’un souvenir de la Genèse, ou du Popol Vuh. L’artiste est prométhéen et célèbre le règne du terraqué. La dimension mythologique traverse les toiles de Sylvie Lobato depuis toujours.
Si la vie est possible, c’est aussi dans la rencontre charnelle avec l’autre, cet autre qui semble parfois engendré par le mouvement même de la chair en convulsion. L’acte créateur retrouve le mythique androgyne.
Pour l’intensité, c’est Goya qui rencontrerait Velickovic. Un combat épique se joue dans ces œuvres : l’artiste en corps à corps avec son sujet, l’être qui lutte pour tenter sa chance d’exister, le spectateur, pris d’assaut par tant de passions divisées.
En fin de compte, l’enjeu est crucial : c’est toute la condition humaine qui est donnée à voir dans ce travail fascinant.

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